dimanche 23 août 2015

Paganisme & Heathenism, une histoire de terroir

Le paganisme (culte païen), du latin paganus (pagus, village/campagne, du proto-indo-européen *peh₂ǵ-), est un terme générique utilisé par les Chrétiens d'Europe depuis le VIe siècle pour désigner les croyances n'appartenant ni au Christianisme ni au Judaïsme. Paganus, signifiant «paysan», était un terme, parfois péjoratif, utilisé par les ecclésiastes à l'époque de la christianisation de l'Europe. En effet, la christianisation ayant préalablement touché les rois (ex. Clovis, roi Franc) et les citadins, les paysans sont parfois restés des siècles sans avoir été complètement romanisés, car éloignés des villes. Les populations rurales ont été les plus difficiles à évangéliser en raison de leur attachement à leurs traditions liées à la terre et aux ancêtres. Parmi ces cultes l'on retrouve le druidisme des celtes (ex. Gaulois), le culte de Wodan/Wotan (Oðin chez les scandinaves) chez les germaniques (ex. Francs), mais également d'innombrables croyances et superstitions propres à chaque région.

Paganus a donc donné paysan et païen en français, et des équivalents dans les autres langues latines. Mais qu'en est-il des langues germaniques ?


L'anglais moderne utilise deux termes, l'un, «pagan», vient directement de paganus; l'autre, «heath(en)» (anciennement heth, qui vient de hǣþ) descend d'une racine proto-germanique : *haiþī (lande/bruyère). Il est donc intéressant de noter que le mot heath(en) est aussi lié à la terre. C'est à dire que les païens des terres anglo-saxonnes et germaniques en général ont vu leur culte non-chrétien être associé à leur condition de paysan travaillant la terre car ayant des croyances intimement liés à leur environnement, contrairement au christianisme, universel, venu de Judée. *haiþī a donné Heyde(nisch) puis Heide(nisch) en allemand & heyde(n) puis heide(n) en néerlandais (lande/bruyère & païen entre parenthèses), et heiðr en vieux norrois (ancêtre des langues scandinaves) qui signifie bruyère, clair ou honneur.

Aujourd'hui le mot Heathen (avec majuscule) désigne en anglais les pratiquants de l'Àsatrù. L'Àsatrù est un retour aux sources de la religion nordique datant du XXe siècle et qui s'est étendu jusqu'aux États-Unis chez les descendants d'immigrés germaniques.
Le terme Néo-Paganisme a une signification plus vaste, car il désigne tous les mouvements parfois appelés «New Age» et proches du polythéisme et du chamanisme comme le spiritisme/druidisme, l'Àsatrù, la Wicca et même l'Hindouisme.

Correspondances entre noms et concepts de World of Warcraft : Wrath of the Lich King et la religion nordique

Brève présentation


World of Warcraft est un Jeu De Rôle en Ligne Massivement Multijoueurs (MEUPORG MMORPG) édité par la société Blizzard et sorti en 2004. C'est le plus populaire des MMORPG avec plus de 5 millions de joueurs actifs sur les serveurs officiels et des centaines de milliers estimés sur serveurs privés. En 2008 sort la seconde extension Wrath of the Lich King. WoW et WOTLK en particulier se déroulent dans un univers médiéval fantastique qui fait des emprunts à diverses grandes œuvres du genre comme celles de Tolkien et Lovecraft, et s'inspire entre autre de la mythologie nordique.
En effet, le lieu principal de WOTLK est le continent froid du Norfendre, assimilable à la Scandinavie ou même au Groenland.
Northrend (en), continent du Norfendre

Voici ces inspirations :


vendredi 14 août 2015

[suite] Vikings, la série, les dieux...

Suite à un second visionnage de la série, j'ai souhaité faire un rectificatif de ce que qui avait été énoncé précédemment, toujours à propos de la première saison.

Les runes, que j'avais mentionné pour leur remarquable absence, ont cependant fait deux apparitions furtives. La première concerne plutôt leur nature ésotérique. En effet, le seer (voyant) mentionne les runes comme responsables de l'arrangement du monde, et de la vie des hommes. Chez certains nordiques, les runes étaient vues comme des entités décrivant les étapes du monde, et ce à plusieurs niveaux. Les runes, au nombre de 24 à l'origine (runes germaniques) ont chacune une signification très profonde et énormément sujette à interprétation, mais elles gardent un sens absolu (leur nom), ainsi qu'une signification relative à leur position dans le fuþark. Cette symbolique est traditionnellement rattachée -du général au particulier- à l'histoire de l'Univers (Miðgarðr et les huit autres plans), l'histoire de l'Humanité (dont le début est à rapprocher de la «genèse» des sumériens et religions abrahamiques) et l'histoire de chaque Homme de façon individuelle. Les runes décrivent la naissance, la croissance, l'apogée, le déclin et la mort.

La première rune, Fe(oh), est appelée la richesse. C'est le don de la vie. La dernière rune est Oþal, l'héritage qui est laissé aux générations futures. Comme on aurait pu le deviner en connaissant le rapport des scandinaves à la mort, la dernière rune ne décrit pas LA fin, mais UNE fin.
Le voyant est donc celui qui sait lire dans les runes. Il comprend leur signification propre, leur agencement par rapport aux autres runes, et ce qu'il faut en tirer par rapport à l'expérience personnelle de l'audience. Même si aucune rune ou bâtonnet runique n'est visible, il y a tout à parier que c'est ce dont il est fait usage lors des différentes séances de voyance dont il est question dans la série... (voir article sur la divination).
Second possible usage des runes : la marque présente sur le front de l'«ange de la mort», la rune Maðr en fuþark scandinave récent. C'est une rune dont le dessin a changé pendant la période où la série se déroule (fin VIIIe). À cette époque les scandinaves utilisaient un mélange d'ancien fuþark et de nouveau fuþark scandinave (16 lettres). Maðr a donné Mann puis Man, signifiant Homme. L'ancien dessin était , plus proche du M latin. La rune fait référence à Mannus, l'ancêtre des peuples germaniques, selon l'historien romain Tacite. Maðr est à rapprocher du nom d'une racine couleur sang, qui évoque l'argile, de quoi a été fait le premier Homme selon un poème runique.
Pour en revenir à l'«ange de la mort», c'est là une traduction étrange car la mythologie ne connaît pas d'anges. Les seules créatures susceptibles d'y être associées sont les Valkyries, mais aucun de leur nom ne rappelle l'angelus latin ou l'ángelos grec (messager).


Sans transition, je rajoute une remarque sur les apparitions d'Oðin et de Heimdallr. En effet Oðin est visible lors de la toute première scène de la saison. C'est en fait une vision de Ragnar, qui se réclamera plus tard de lignée divine, une des raisons pour laquelle il est plus enclin à prier Oðin («father», qui est en fait le surnom Allfaðr, père universel) que Thor comme le font ses comparses.
Oðin est représenté à plusieurs reprises comme un vieillard barbu habillé d'un manteau et d'un chapeau sombres, et portant un bâton. C'est la représentation la plus courante d'Oðin dans les poèmes et dans les croyances en général. Oðin aime l'espèce humaine et aime s'y mêler en prenant une apparence volontairement humble. Mais cela ne contredit pas l'hypothèse comme quoi le corbeau serait lui aussi Oðin, qui aurait préféré une apparence encore plus discrète.

Pour ce qui est de Heimdallr, c'est encore là l'exemple d'un dieu aimant apparaître parmi les hommes et c'est également une référence à un poème mythologique en particulier, la Rigsþula. Sous le nom de Rigr, le dieu apparaît une dernière fois à Miðgarðr et se retrouve devant un manoir. Il rencontre ses occupants Faðir et Moðir (Père et Mère), et se fait inviter chez eux. Après un copieux repas ils couchent tous les trois dans le même lit et neuf mois plus tard Moðir accouche d'un garçon qui sera appelé Jarl, le premier Homme de la classe des nobles-guerriers. C'est la troisième partie d'une métaphore de l'organisation sociale à cette époque en Scandinavie (après celle de Thrall, esclave, et de Karl, homme libre).
Cette histoire est quasiment identique à celle racontée par un couple pendant une audience avec Lagertha lors de l'absence de Ragnar. Le mari se plaint que sa femme l'ait trompée avec un inconnu, mais Lagertha lui rappelle l'histoire de Rig, autre nom de Heimdallr et lui demande d'honorer son fils car il est le fruit d'une visite divine, immense privilège...

mercredi 5 août 2015

Vikings, la série, les dieux

La série Vikings a fait parler d'elle lors de l'annonce de sa sortie, c'est à dire en 2012 (?). Prévue sur la chaîne Histoire, elle se présentait comme une série historique relatant la vie, les aventures et les croyances des scandinaves pendant la période viking (en l’occurrence au VIIIe siècle après J.C.), à travers l'histoire du grand Ragnar Loðbrok, gendre de Brunnhilde (Brynhildr) et Siegfried (Sigurðr) du fameux opéra de Wagner. J'ai pu visionner il y quelques jours la première saison de cette série (2013), à l'aune de nos connaissances actuelles sur l'Àsatrù. Je ne m'exprimerai donc pas sur la rigueur historique quand aux événements à l'échelle humaine, ni sur les personnages principaux en eux-même. La série reste une fiction et elle est également appréciable en soi.

Tout d'abord, un point sur la vie spirituelle des vikings en cette période. Les scandinaves suivent les traditions qui ont émergé chez les peuples germains du continent, avant leur conquête du Nord de l'Europe. En effet, bien que la majorité des sources historiques nous proviennent de Norvège-Suède-Danemark-Islande, les croyances nordiques (autrement appelées germaniques à juste titre donc) ont laissé des traces dans toute l'Europe continentale, y compris la France, sous la forme entre autres d'inscriptions runiques (alphabet profane et magique). Il faut également comprendre que ces croyances ont des origines communes avec le reste des cultes européens (celte, romain, grec, pour les plus connus) et asiatique (mésopotamien, indien, perse) car toutes ces peuplades sont caractérisées par leur origine commune dite «indo-européenne». Il en résulte également des similitudes entre le latin, le grec ancien, le proto-norrois, et le sanskrit («æsir», le nom des dieux majeurs vient de «asu» en Sanskrit, souffle vital). Il est donc intéressant d'étudier les croyances nordiques à l'aune des textes mythologiques propres autres régions européennes.

(spoilers à venir)
Nous parlons beaucoup de «croyance», «mythologie» et «tradition» car les scandinaves n'ont pas de religion à proprement parler. Ils n'ont pas de prophète, pas de texte sacré (Snorri Sturluson a mis sur papier les croyances à la fin de l'ère viking), pas de clergé, pas de pêché ni de baptême ou de dogme. Les dieux y sont vus comme des amis, ou de lointains ancêtres (perspective évhémèriste) vers qui l'on se tourne lors d’événements importants. En cela, la série Vikings s'en sort bien. On y voit les personnages prier leur dieu tutélaire à chaque épreuve importante (combat singulier, épidémie (þor), naissance, etc) plutôt qu'à dates et heures fixes comme le font les chrétiens (Messe du Dimanche matin, bénédiction de la table). Le temple d'Uppsalir est également bien représenté, avec sa triade (que l'on retrouve chez les Celtes) de dieux : Oðin, þor & Freyr, ce dernier apparemment dépourvu de ses attributs phalliques à l'écran. Uppsalir était réellement un des plus grand temples de la région et hommes & femmes s'y rendaient lors d'occasions importantes pour y prier et déposer des offrandes. On peut par contre s'interroger sur la familiarité qu'ont les nordiques de la série avec la notion de prêtre (en parlant du moine chrétien), car toutes les tâches religieuses étaient accomplies par des laïcs. Il n'existait pas de castes de prêtres chez eux.

Thor contre les géants
L'Àsatrù (terme global désignant «le culte des dieux Ases», inventé par commodité, bien plus tardivement) ne connaît ni Bien, ni Mal. Encore une différence avec la chrétienté qui est bien représentée dans la série. Seuls les concepts d'Ordre et de Chaos existent et s'opposent sur les terres des Hommes (Miðgarðr), des dieux (Asgarðr, l'Ordre) et des Géants (Jötunheimr, le Chaos). Oðin, dieu de la création, ne se soucie pas d'administrer et encore moins de faire régler l'Ordre sur Miðgarðr. C'est un dieu volage et polymorphe, qui privilégie la ruse et la magie à la justice et la force, ces deux derniers attributs étant respectivement réservés à Tyr et à Þor, vers qui les Hommes se tournent bien plus volontiers en cas de coup dur. Þor, le dieu au marteau Mjöllnir, représente la force brute et la fureur des Ases. Il combat perpétuellement les Trolls (Géants) de Jötunheimr en faisant tomber la foudre grâce à son marteau. C'est d'ailleurs à ceci que les Hommes attribuent l'origine du tonnerre sur Terre, mais cette interprétation n'est pas exclusive, en effet lors de la tempête en mer du début de la série, les personnages parlent de «Þor frappant son enclume». Cette interprétation reste correcte sachant que les Ases et Vanes (dieux mineurs) sont connus pour frapper le fer eux-mêmes pour fabriquer leurs objets du quotidien, bien que moins habiles que les Nains dans ce domaine.


Freyja, une Vane, est plus appréciée des femmes car elle représente bien plus spontanément la fécondité et l'amour. Cependant il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives en la comparant à Vénus/Aphrodite. Freyja est également une féroce guerrière et une magicienne redoutable, bien qu'utilisant la magie mineure, le sejdr, contrairement au galdr, majeure, d'Oðin. Oðin et Freyja ont un deuxième point commun : ils ont un appétit sexuel insatiable. En effet Oðin, tel un Zeus olympien, multiplie les conquêtes chez les déesses, les humaines et même les géantes. Il aime se métamorphoser afin de tromper ses adversaires, plutôt compagnons de jeu dans ce cas-là. C'est un passe-temps qui en fait un dieu étonnamment féminin, par opposition à son fils Þor qui représente des attributs masculins à travers Mjöllnir, symbole phallique. On ne sait pas si c'est la frivolité d'Oðin qui a influencé les mœurs scandinaves ou l'inverse, toujours est-il que la série Vikings a tapé dans le mille à ce sujet. Sans aller dans la démesure incestueuse ou perverse d'un Game of Thrones, Vikings dépeint avec exactitude les pratiques sexuelles de l'époque. Les femmes acceptent volontiers dans leur lit des amis de leurs maris, même si le contraire n'est pas montré.

Pour en revenir à Oðin, on peut également citer deux de ses attributs qui ont, ou auraient leur place dans la série. Ce sont ses corbeaux et les runes.
Oðin possède de multiples animaux aux fonctions diverses, le plus réputé étant son cheval à huit pattes Sleipnir, fils de Loki, qui lui permet d'arpenter le monde. Mais il dispose également de deux corbeaux nommés Huginn (pensée) et Muninn (mémoire). Le personnage au centre de l'histoire (Ragnar), se trouve également au centre des interactions avec les dieux (parmi eux Loki sur qui l'on reviendra plus tard). Il reçoit fréquemment la visite d'un corbeau, qu'il voit comme un signe des dieux, notamment d'Oðin. Il est difficile de déterminer s'il s'agit de Huginn, de Muninn, ou d'Oðin lui-même, car comme nous l'avons vu c'est un fervent pratiquant de la métamorphose (humaine et animale). En ce sens, Oðin est également hautement chamanique. La transe des chamans est en effet un moyen de communiquer avec le monde des esprits en empruntant un canal, parfois un tronc d'arbre, à rapprocher d'Yggdrasill l'arbre monde aussi appelé «le coursier d'Oðin». Le chaman s'incarne généralement dans un esprit animal (oiseau, ours, loup, caribou) qui lui permet de voyager sur de longues distances et d'acquérir la connaissance du monde de l'invisible. Yggdrasill est justement représenté dans l'histoire de la série. Il existe un arbre géant que les Hommes vont visiter en raison de sa nature magique : il ne perd jamais ses feuilles. Il est évident que ces visites ont des airs de pèlerinage chamanique. L'arbre monde est un arbre mystique qui puise ses racines dans les différents mondes qui composent l'univers, autrement dit un canal reliant plusieurs niveaux de réalité.

FEOH, la richesse
Le second attribut d'Oðin, qui lui aurait dû être présent dans la série Vikings, sont les runes. Oðin s'est pendu à Yggdrasill pendant neuf jours et neuf nuits pour acquérir la connaissance des runes (le 9 est extrêmement important dans la mythologie et dans la vie des scandinaves, chose bien représentée dans la série). L'alphabet runique (fuþark, selon ses six premières lettres) est l'alphabet utilisé par les germains et les scandinaves à l'époque viking. Il est utilisé pour des fonctions profanes (actes de propriété, message personnels) mais également magiques (sorts de protection, malédiction et de séduction). Les scandinaves les utilisaient au quotidien en les gravant sur du des objets courants, des arbres, des pendentifs ou des armes. Malheureusement ce pan entier de la culture viking se retrouve absent de la saison une. (correction ici : Vikings, deuxième partie)


Cependant, il faut reconnaître l'omniprésence dans l’œuvre d'un autre concept très cher aux nordiques : le destin. Le destin représente une force inéluctable, que même les dieux ne peuvent briser. Il est représenté dans la mythologie par les trois Nornes, créatures féminines siégeant au pied d'Yggdrasil et traçant le futur les Hommes à leur naissance. Il existe des dizaines de mots en norrois pour représenter le destin. Cette force est présente dans chaque action de chaque Homme ou dieu. En découlent des comportements typiques aux scandinaves : premièrement la grandeur, et la fierté d'être un objet aux yeux des forces supérieures. Le scandinave a confiance en lui car il a reçu un don (gaefa, gift en anglais) et se doit de l'honorer en accomplissant sa destinée avec conviction et ambition. Sa réputation est importante car sa famille et ses descendants y sont liés (on parle de hamingja pour le destin de la famille). Les crimes d'honneur et les duel sont donc fréquents. On recourt aux voyants pour connaître son destin et pouvoir l'honorer (le voyant (seer) aveugle, référence à Oðin ? Douteux car il a lui-même a recours aux voyants...). Tout ceci est représenté avec exactitude au cours des différents épisodes, parfois explicitement, parfois implicitement. On ressent avec les personnages la présence des dieux et le poids de la destinée à chaque instant, et en toute chose. Corollaire de ce constat : le Valhöll (ou Valhalla). C'est un large salle flanquée de 550 portes où les guerriers morts au combat festoient chaque nuit en compagnie d'Oðin après une avoir été ressuscités à l'issue d'une journée de combats entre eux. Oðin choisit la moitié des guerriers morts héroïquement au combat sur Terre, et Freyla l'autre moitié. C'est une perspective acceptée et même désirée par les guerriers vikings. La mort est vue comme un passage plutôt que comme une finalité (comme les Celtes), comme le montre le guerrier vieillissant dont tous les frères d'armes sont morts au combat et qui implore Ragnar de le laisser combattre pour qu'il puisse mourir la hache à la main et être emmené au Valhalla.

Enfin, la référence la plus évidente pour l'amateur mais peut-être la moins explicite pour le profane : (F)loki. Dès la première rencontre avec ce personnage énigmatique et imprévisible, Ragnar dit à son fils que Floki fait référence au «dieu» Loki. Mais tout au long de la saison, rien n'est expliqué à propos du personnage, pourtant hautement important.
«Dieu de la discorde»
Loki est le dieu le plus ambigu du panthéon nordique. Sa personnalité est celle qui évolue le plus au cours de ajouts successifs aux textes anciens. D'abord accepté à la cour des Ases, c'est un dieu sans attribution, qui aime jouer des tours aux dieux, ses meilleurs ennemis. Il est à chaque fois attrapé et puni mais ne cesse de les tourmenter. Il est rusé (tel Oðin) mais préfère l'amusement à la connaissance. Il aime semer le trouble plus qu'autre chose, caractéristique à rapprocher des tricksters des Indiens d'Amérique, sorte de paria qui a tendance à la bouffonnerie. Par la suite Loki se révèle bien plus malfaisant (ou plutôt «chaotique») car il joue un rôle majeur lors du Ragnarök (Crépuscule des Puissances, l'Apocalypse chrétienne), la bataille finale entre l'Ordre et le Chaos. En effet, ses enfants sont plutôt monstrueux (exception faite de Sleipnir) : Jormugandr est le serpent géant qui enserre le monde entre ses anneaux, en se mordant la queue (Ouroboros des traditions indo-européennes), et qui combattra et tuera Þor; Hel est la gardienne des mondes souterrains, le monde des morts où elle garde Baldr, le dieu le plus aimé parmi les dieux; Fenrir est le loup géant qui dévore le Soleil et la Lune.

Floki est assurément Loki en déguisement. Bien que les noms soient un peu trop similaires (sûrement un choix éditorial), il est évident que Loki, qui aime se métamorphoser comme Oðin, est apparu sur Terre (Miðgarðr) afin de semer la zizanie parmi les Hommes, sans but précis. Rappelons-nous qu'il n'existe ni diable ni démon du mal, seulement des représentants du Chaos (Loki a en effet des affinités avec les Géants). L'exemple le plus flagrant est lors du deuxième accostage sur les côtes anglaises par Ragnar Loðbrok et ses compagnons. Ils sont rejoints sur une plage par les soldats du roi saxon Ælle. D'abord amicaux, ils deviennent méfiants lorsqu'ils voient les vikings discuter entre eux (sans en comprendre un mot ? Étonnant tant le saxon et le norrois sont proches). Profitant de la tension montante, (F)loki arrache la croix chrétienne que l'un des soldats saxons porte en pendentif. Les armes sont dégainées et le bain de sang est inévitable. (F)loki se réjouit de cette situation même s'il n'en tire aucun bénéfice substantiel, tel un Loki provoquant des querelles chez les dieux.

Voici donc une revue de la série selon l'angle de la culture et de la mythologie. j'ai volontairement omis tout ce qui a trait aux tenues, aux armes et à l'authenticité des personnages en eux-mêmes, mais en tant que série historique il y a tout à parier qu'une certaine rigueur a été apportée aux détails de la "partie visible de l'iceberg" de la culture norroise au VIIIeme siècle.

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dernière MàJ : 24/08/15

sources
Odin et Thor, dieux des vikings, Jean Renaud & Alexis Charniguet, Larousse 2008
Les vikings : culture et mythes, John Grant, Taschen 2008
Les runes : approfondir la divination, Dominique Agnus, Cosmogone 2006

samedi 1 août 2015

Article sur le coup d'état de Skhirat (en anglais), par moi.


The 1971 Moroccan coup attempt or the Skhirat coup-d'état (Arabic: محاولة انقلاب الصخيرات, Skhirat attempted coup-d'état) was an unsuccessful attempt by rebel military leaders to assassinate King Hassan II of Morocco on 10 July 1971, the day of his forty-second birthday. It was the first of half a dozen other attempted coup d'état during the king's regime.

Lieutenant-colonel M'hamed Ababou with, and under the orders of General Mohamed Medbouh, were the main instigators of the attack on Hassan II's summer palace in Skhirat on the Atlantic coast, about 20 kilometres (12 mi) south of Rabat, and ordered the seizing of several key places in Rabat in order to establish a republic. The main motive was the unveiling of several occurrences of corruption inside the Moroccan government and royal family.

Background to coup attempt


At the time, Medbouh was head of the Royal Military Household and commander of the Moroccan Royal Guard.

In April 1971 Medbouh went to the United States for medical treatment. He was also officially charged by Hassan II to prepare his visit to Washington D.C. from April 22 to 27, but was secretly told he had to conduct negotiations about secret US military bases in Morocco who pay a rent directly into the royal coffers.

There, he also made inquiries into the reason why Pan American World Airways had decided against building an Intercontinental Hotel in Casablanca. In California, Medbouh discovered the reason: William P. Rogers, Secretary of State had received a file, from his friend the president of the Pan American World Airways, containing photocopies of letters from Morocco. The company had been asked by Moroccan government officials for sizable "commissions". Indeed, a cleric close to Hassan II, Ben Messaoud, had the forgetfulness to write in black and white: "Should also pay 600 million to the king."
On hearing this from Medbouh on his return, the king seized Ben Messaoud (who revealed details on the affair and was released later) and fired four of his cabinet ministers. Some said that the dismissals took place only after the ministers had made enough money from corrupt practices and it was time for others to take their turn. Medbouh felt the dismissals were not sufficient: the ministers should be tried and punished. Medbouh was "disappointed by his king" and "sickened by his country" as he also learned from the same sources in the USA about a huge metal traffic network in Morocco. This was the moment when he considered a putsch.
His main task in the putsch was depleting the palace guard. He plotted with Lieutenant-colonel M'hamed Ababou, the commander of the Military Training Academy of Ahermoumou and his elder brother Commandant Mohamed Ababou who were both tasked with investing the palace with their troops and seizing strategic points in Rabat. Mohamed's given mission was raiding the Skhirat palace from the south, which he did without encountering significant resistance. Colonel Larbi Chelouati was another leader, whose role was rallying the entire army, controlling the country, and coordinating the entire operation and radio broadcasts.

Attack on the palace


On 10 July 1971 at 14:08, about 1,200 cadets from the base of Ahermoumou (300 kilometres (190 mi) from there) stormed the palace of Skhirat during the king's birthday reception and attacked the guests with automatic weapons and grenades. It was subsequently claimed by the Moroccan authorities that that the young cadets had been mislead by senior officers into thinking that they were doing "maneuvers" in the region, then that they were acting to protect the king who was "surrounded by enemies". According to eyewitnesses they ran out of control when they saw the luxury of the gathering but in his memoirs the king wrote that the soldiers had been drugged with substituted amphetamine

Between 400 and 800 senior government members, military officers and other members of the elite were present. Important guests were placed under house arrest, and the king himself was taken to a small pavilion. A total of 92 people were killed during the shooting, including Belgian ambassador Marcel Dupret, the Minister of Justice Muhammed Lazrak, the ex-Prime Minister Ahmed Bahnini and the king's 80-year-old surgeon Henri Dubois-Roquebert. The king's brother, Prince Moulay Abdallah, was among the 133 injured.

Hassan II along with his aides, immediate family, including his eight-year-old son Crown Prince Mohamed, and General Mohamed Oufkir (Interior minister and later responsible for the attempted coup d'état of 1972) managed to escape unharmed by hiding in a bathroom or a closet. Medbouh came and knocked on the door, asking to negotiate with the king, who replied "I don't have to follow you.". Medbouh ordered a sentinel to guard the door, not letting anyone entering or leaving.

When the firing died down, at about 16:45, the king re-emerged to find himself face to face with one of the rebel commanders. Keeping eye contact, he recited the opening verse of the Koran, and the rebel knelt and kissed his hand.Other sources report that the Hassan II faced a cadet, who apologized for not recognizing him, and was exhorted to recite the Koran with several of his comrades. They joined in and shouted :"Long live the King !"

The Interior Ministry, the Army headquarters and Rabat's main radio station (Radio-Maroc) were at the same time taken over by other rebels soldiers and the radio was ordered to broadcast propaganda stating that the king had been murdered and a republic founded. But the Moroccan news agency later confirmed he was unharmed as loyalist troops sealed off government buildings and patrolled Rabat's streets in tanks.

In a squabble between the coup leaders, M'hamed Ababou apparently shot Mohamed Medbouh at an early stage. Medbouh wished only for Hassan II to abdicate whereas Ababou had more radical demands. According to historian Michel Abitbol, Medbouh's death occurred "under mysterious circumstances". When the mutineers moved on the Army headquarters, Ababou was killed during an exchange of fire with royal troops led by General Bouhali, who had been dispatched to the palace to rescue the king. It is reported that Ababou was only wounded in this clash but had asked a fellow conspirator to shoot him so that he would not be taken alive.

Aftermath


The coup ended the same day when royalist troops took over the palace in combat against the rebels. Immediately after being freed from the palace, General Oufkir was invested by Hassan II with full military and civilian power in order to seize and punish the rebels and ordered loyalist troops to go to Rabat.

Among the cadets, nearly 200 were caught in the crossfire of their comrades and more than a hundred others were killed in the palace shootings; around 900 others were captured by loyal forces and acquitted. In February 1972, 74 officers and non-commissioned officers were sentenced to prison terms ranging from one year to life imprisonment. Most of them were later transferred from Rabat to the prison of Tazmamart, built between 1972 and 1973. 10 senior officers (including four generals) were executed in the courtyard of a military barracks in Rabat, witnessed by military officers, who "spat on the corpses", and Moroccan journalists. General Oufkir had personally interrogated them.

Mohamed Ababou was arrested, tried and incarcerated along with other coup protagonists (Akka and Mzireg). After a failed escape attempt with a group of prisoners among whom was Ali Bourequat, he vanished and nothing is known of the circumstances of his supposed death. Although several years later his family received an official death certificate dated 20 July 1976, he is still considered disappeared by the Moroccan state. Mohamed and M'hamed younger brother, chief sergeant Abdelaziz Ababou, died during the coup itself.

Oufkir was named Minister of Defense. King Hassan II was at the state funeral for his supporters killed at the summer palace in the two-and-a-half hour gun battle. In a press conference on July 13, the king identified the leaders of the coup and said the 1,400 rebels involved had been killed or rounded up. He dismissed the challenge to his authority, saying, "It was all very under-developed," and he pointed to foreign interference as 600 Moroccans had attempted to renew their passports in Cairo on the day of the attack.

source : Wikipedia

Les runes - Approfondir la divination par Dominique Agnus

J'ai acheté ce livre quelques années dans une librairie à ******** en me promenant dans le rayon religion/spiritualité. C'est un livre (assez joli) qui aborde le sujet des runes germaniques sous l'angle de la divination... Ça ne m'avait pas fait tiquer au début, et je l'ai quand même pris car ce devait être le seul parlant sérieusement des runes.

Selon la quatrième de couverture, l'auteur serait un moine Zen vivant à Lyon. On peut sentir effectivement l'influence que ça a eu sur le livre.
Nombreuses sont les références à la philosophie asiatique lors des descriptions des runes, et c'est plutôt appréciable dans la mesure où cela permet au lecteur de faire des liens intéressants avec d'autres mythologies et philosophies.

L'auteur commence avec une histoire des peuplades germaniques ainsi que celle des divers alphabets runiques qui ont existé (saxon, norvégien et islandais). Encore une fois c'est plutôt intéressant et ça permet de se resituer dans l'Europe de l'Antiquité au XIIeme siècle. Après quelques pages sur la mythologie germanique vient la partie principale du livre qui en fait plus un répertoire de référence qu'une simple étude en prose : la description des vingt-quatre runes saxones.

Autant dire tout de suite que la lecture de cette partie n'est pas des plus passionnante, et je dis cela pour une seule et bonne raison, c'est la partie "Sens divinatoire" qui revient à chaque rune et qui vient nous éclairer sur ce que l'on devrait penser lorsque l'on tombe sur la-dite rune lors d'un tirage (similaire au Tarot). C'est pour moi la partie qui décrédibilise le plus le livre. Autant tout ce qui est recherche sur les mythes et croyances germaniques et plutôt bien expliquée et bien sourcée (longue bibliographie), autant les parties "Sens divinatoire et "Le dessin" sont pour moi un festival d’interprétation New-age qui n'a aucune place dans un livre sur les runes.
Alors oui, le livre s'appelle bien "Approfondir la divination" et aurait dû se douter de son contenu, mais cela démontre seulement que l'existence même de ce livre est à revoir à mon sens.
Je vois cela comme du gâchis, car l'ouvrage est de bonne qualité au demeurant. L'étymologie de chaque rune est plutôt bien respectée et expliquée, les poèmes runiques également.


La troisième partie du livre (Divination pratique) est vraiment celle qui m'a fait le plus rouler des yeux. On y retrouve des conseils sur comment créer son jeu de runes avec des branchettes ("remercier l'arbre"), comment le conserver, comment s'en servir et quelle attitude avoir en face d'une audience dubitative. On y apprend comment apprendre les runes, quelle type de relation avoir avec elles, comment se les approprier... Comment tirer les runes, comment les interpréter et comment vivre avec le résultat.
Partie hautement inintéressantes si l'on ne s'intéresse qu'à l'ancienne religion germanique et au futhark, d'autant plus qu'aucune source sérieuse ne vient relater le détail de ses pratiques. On sait en effet que les runes étaient utilisées en Europe pour l'écriture profane ainsi que pour les sorts (protection, malédiction) et la divination. Mais les pratiques précises sont très mal connues et sont très probablement assez éloignées de ce que l'auteur prétend (et pratique lui-même !).


Constat final : pour le lecteur avide de connaissances mythologiques c'est un livre correct auquel on peut se référer lorsqu'il s'agit d'étudier une rune en particulier, ou pour déchiffrer un texte ancien. Pour le reste, la philosophie de l'auteur vaut ce qu'elle vaut...

Ma seconde première expérience sur Vikipedia in English

Inaugurons sobrement cette ébauche de blog avec un article des plus passionnants. Il y a quelques semaines de cela, je suis passé sur la Wikipédia anglaise pour vérifier quelques informations sur ma région. De par la configuration de mon nouveau moteur de recherche fétiche (DuckDuckGo, pour moi sérieux concurrent de Google du point de vue de la qualité de l'interface et du respect de la vie privée, donc exit Bing et autres Yahoo), je suis tombé par défaut sur l'article anglo-saxon.

Al-Maghrib fi al-wikipedia

Premier constat, normal pour un pays peu anglophone comme le Maroc (estim. 15% en 2011) : les informations ne sont pas à jour. C'est ce qui m'a en partie poussé à me relancer dans l'aventure Wiki, notamment en ce qui concerne la démographie.
C'est en partie excusable du fait que les résultats du dernier recensement datent de septembre 2014, et que les nouvelles délimitations des régions marocaines ne sont pas encore entrées en vigueur (malgré les nombreuses publications au BO). Cependant on peut facilement vérifier sur les versions française et arabe que les informations à jour existent déjà et sont déjà formatées pour la Wikipédia (à savoir : mise en page, tableaux, graphiques et autres).
Alors, à qui la faute ? En bon wikipédien je serais d'abord tenté de dire "à personne". En effet, Wikipédia part du principe que chaque lecteur peut se transformer en rédacteur si les articles lui semblent erronés, ce qui fait que personne n'est responsable de la qualité de tel ou tel article (même si l'on retrouve parfois ce genre de comportement, et j'y reviendrai). Du coup, un article faux/mal écrit/pas à jour/etc peut rester des mois en l'état sans avoir vu une seule modification, malgré avoir vu passer nombre de lecteurs, parfois qualifiés. Mais il faut savoir que les études démographiques, bien qu'intéressantes en tant que lecteur, ne sont pas des plus passionnante quand il s'agit de relever, calculer, compiler et saisir des données sur une encyclopédie dont la langue n'est pas répandue dans le pays concerné par l'étude en question.
Pourtant, il existe un projet "Morocco" constitué d'une douzaine de contributeurs. Mais ce projet a l'air mort depuis quelques temps, j'ai donc laissé tomber l'idée d'obtenir de l'aide dans ma tâche de mise à jour des données démographiques. Autant dire que je me suis retrouvé en face de quelque chose qui me dépassait : des centaines d'articles sur les diverses régions, provinces, wilayas et régions ont été créées puis laissées à l'abandon par le projet depuis plusieurs années...

The mainspace

Pour éviter de succomber à la monotonie de la tâche, je me suis dirigé vers les nombreux autres projets et sujet traités par Wikipédia en anglais. Encore une fois, la situation n'est pas des plus motivantes. Plusieurs raisons à cela : d'une part, l'impression de non-qualité qui se dégage de beaucoup d'articles, dans certains domaines en particuliers.
Il faut tout simplement comprendre que la plupart des experts (le terme est volontairement large) se détournent de Wikipédia pour des raisons évidentes. La médiocrité n'attire que la médiocrité, et un professionnel n'étant pas habitué au fonctionnement de l'encyclopédie libre se retrouve en face de tellement de travail que beaucoup abandonnent très tôt. L'on retrouve parfois de bons articles écrits et sourcés par des experts, mais la grande majorité des good et featured articles doivent se contenter de l'intelligence collective de dizaines d'amateurs.
Oui, l'encyclopédie compte sur la nerd attitude de beaucoup de gens pour avancer, plutôt que sur des rédacteurs experts. Un des résultats tangents à cette stratégie : énormément d'articles sur la culture populaire, les artistes récents, les séries télévisées, les jeux vidéo, les logiciels informatiques et autres sujet qui attirent les rédacteurs passionnés de culture actuelle. On remarque aussi que ces mêmes articles sont souvent la chasse gardée de ceux qui les ont créés, en résultent des discussions parfois comiques sur les pages de discussion (Talk:) où les rédacteurs s'attaquent à coups de WP: (les liens internes vers les pages de fonctionnement de la Wiki, qui précisent les pratiques conseillées) et autres 3RR (three reverts rule, règle qui interdit à quelqu'un d'annuler plus de trois fois les modifications d'autres personnes, en 24h).
Pourtant, depuis un certain nombre d'années existe le site Wikia.com qui permet de crée sa propre encyclopédie collaborative sur le sujet de son choix. On y retrouve un peu de tout, et beaucoup de jeux vidéo et de pop culture.
Malheureusement, tous ces articles sont bien souvent conservés sur Wikipedia car ils correspondent aux critères d'inclusion. Évidemment.

Wikipédia ou comment pédaler dans la semoule

Avec le recul des années j'ai pu comprendre ce que tout professionnel qui se respecte reproche à l'encyclopédie libre. Ce qui apparaissait au lycéen que j'étais comme une mine de savoir gratuit et une source intarissable d'"exposés" et de "projets" vite expédiés se dévoile maintenant comme un amas de connaissances approximatives et orientées, auquel des milliers de bénévoles appliquent des rustines par centaines chaque jour pour tenter de le faire tenir en place. Constat renforcé par ma brève expérience dans la RC Patrol (patrouille des modifications récentes) qui vise à scruter chaque nouvelle contribution, des dizaines chaque minute à toute heure de la journée, pour y déceler le vandalisme. Malgré les efforts des volontaires et de tous les bots employés à la tâche, des tonnes de contributions erronées (délibérément ou pas) se frayent un chemin jusqu'aux articles et y restent parfois des années. Il n'y a qu'à se référer aux résultats des très nombreuses pseudo-études consistant à insérer des canulars dans les articles pour voir combien de temps ils y restent, ou comment j'ai vidé mes poubelles dans ta rue pour voir en combien de temps tu viendrais les nettoyer pour moi.